L’ombre d’un doute / The shadow of a doubt


Installation in situ, 2017
Photographie d’une porte entr’ouverte, projetée à échelle 1 sur cette même porte (alors fermée).
In situ installation, 2017
Photograph of a half-opened door, projected scale 1:1, on the same door (closed).


L’ombre d’un doute #1, photographie projetée. Vue d'exposition, ESADMM, Marseille, 2017 The shadow of a doubt #1, projected photograph, variable dimensions. Exhibition view, ESADM, Marseille, 2017


    Le doute auquel fait référence le titre, c'est le nôtre. Ce léger désarroi face à ce que l'on pourrait prendre pour un simple carré de lumière projeté sur un pan de mur. À mieux y regarder cependant, on aperçoit de légers tremblements dans les lignes, la texture flottante des choses, l'ombre projetée discrète de la poignée ou d'un câble. Et la nature de l'image nous apparaît : la photographie projetée, à échelle 1, de ce même pan de mur. Eurêka, l'ombre du doute s'estompe – et avec elle le caractère déceptif de la pièce, laissant émerger une pointe d'humour.

D'autres questions apparaissent : les aspérités, plinthes, encadrements de portes, clous oubliés là et mille autres détails sont-ils tous réellement présents, existent-ils dans l’espace matériel que nous occupons, ou sont-ils partie intégrante de l’image projetée ? La porte est-elle ouverte ou fermée ? Existe-t-elle seulement ?

Un trouble entre le réel et sa représentation, le matériel et l'immatériel s’instaure, alors qu'une infra-scénographie, une dramaturgie de l’infime se dessine.

Si la photo rend compte d’un objet à un instant T, nous sommes ici en présence à la fois de ce moment passé, et de l’instant précis où nous regardons cet objet, dans son présent le plus immédiat. Superposées, les deux temporalités se chevauchent, s’entremêlent, se télescopent en permanence - l'interstice de la porte entrebâillée ouvrant sur celui du temps, tout comme sur un pan de l'histoire de l'art, évoquant entre autres les questions de la représentation.

through slight tremors in the lines, the floating texture of the things it shows, this installation blurs the distinction between the real and its representation, between the material and the immaterial, drawing an infra-scenography, a dramaturgy of the infinitesimal.
We are here in the presence two moments: a past, as captured by the photograph, and the precise moment when we look at this object in its most immediate present. Superimposed, the two temporalities overlap, intermingle and zoom in and out permanently - the gap of the ajar door opening onto that of time, onto questions of perception and representation.



L’ombre d’un doute #3, photographie projetée, dimensions variables. Vue d'exposition, La Nuit de l’Instant, Institut Français, Hambourg, 2019The shadow of a doubt #3, projected photograph, variable dimensions. Exhibition view, La Nuit de l’Instant, Institut Français, Hambourg, 2019